«  On ne force pas une curiosité, on l’éveille. »

J’ai souvent écrit sur mon rapport à l’écriture, que ce soit au cours d’articles sur ce blog ou dans certaines de mes nouvelles, comme « Le ballottement mou de son sexe dans le reflet du miroir » que vous pouvez retrouver dans mon autoGRObiaphie (oui, la publicité c’est mal, mais ce n’est pas tant pour moi que pour Racine et Icare qui m’édite et qui a besoin de sous pour éditer d’autres auteurs).

Ce que j’ai rarement écrit, c’est que sans la lecture du roman « Le Bonheur des ogres » de Daniel PENNAC, je ne me serais jamais intéressé à la littérature. Avec l’univers qu’il a créé pour ce que l’on nomme la saga MALAUSSENE, il a su éveiller en moi le plaisir de lire. D’ailleurs, la phrase en préambule de ce post, tiré de son essai sur la pédagogie « Comme un roman », pourrait résumer l’essence de son œuvre. Au passage, je me dois de remercier ma sœur, Isabelle. Sans elle, je n’aurais jamais poussé la porte du CDI du lycée Augustin Fresnel de Bernay en ce début d’année 1994, alors que j’allais vers mes 17 ans, pour emprunter pour la première fois un livre dont la lecture ne m’était pas imposée. Sans elle, jamais je n’aurais pris plaisir à moi même tricoter des univers et des histoires. Merci de m’avoir permis d’éveiller ma curiosité.

J’étais donc désireux de voir le film tiré de ce roman. Réputé inadaptable au cinéma (de mémoire, une tentative avait été réalisée pour la télévision, sans grand succès), j’allais assister à la séance à la fois avec impatience et appréhension. Quoi de plus terrible de voir une œuvre que l’on a adorée se faire massacrer par la vision d’un réalisateur. Par exemple, j’ai apprécié l’univers visuel créé par GONDRY pour « L’écume des jours » mais de nombreux admirateurs de VIAN ont été déçus, ce qui ne fut pas mon cas, car je n’avais pas une affection particulière pour ce roman. Par contre, lorsque que j’ai lu « Les Rivières pourpres » de GRANGÉ, je me suis rapidement imaginé KASSOVITZ mettant en scène Jean RENO; le film n’a fait qu’effleurer l’essence du livre, ma déception fut énorme.

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Revenons donc au film de Nicolas BARY. J’ai longtemps été loin de l’actualité cinématographique, je ne connais pas son œuvre, donc pas d’à priori sur son style, ni en bien ni en mal. Cela entretient le mystère sur la découverte du long métrage. Pareil pour Raphaël PERSONNAZ, je n’ai pas mémoire de l’avoir vu dans un film, je savais juste que les bandes-annonces pour la trilogie de PAGNOL par Daniel AUTEUIL ne m’avaient pas donné envie d’aller la voir.

BARY a su s’imprégner de l’essence du roman et en transposer l’histoire, sans y être parfaitement fidèle. Je passe sur l’absence de certains personnages ou la modification d’autres : c’est un manque par rapport au roman, mais ça ne gène en rien le film. Il n’est pas passé à côté du principal : l’univers doux dingue dans lequel évolue la tribu. On retrouve l’intrigue policière, la solidarité familiale, les petites histoires dans l’histoire… Il se permet quelques références discrètes à d’autres films, par certains bruitages ou images de second plan…

Quant à PERSONNAZ, il a admirablement su se couler dans la peau de Benjamin, ce frère de famille qui a un boulot qui l’emmerde mais qui fait bouillir la marmite, qui doit gérer les frasques familiales, sa vie sentimentale et le tourbillon d’emmerdes qui vont avec tout ça. Ok, Bérénice BEJOT n’est pas une vraie rousse, mais elle donne une belle vie à Tante Julia. L’alchimie entre les deux y était. Le tout forme un ensemble très cohérent qui nous plonge au cœur de l’intrigue et nous donne envie de savoir ce qu’il va se passer. Bref, l’espace de ce film, je me suis retrouvé quelques années en arrière lorsque je dévorais les pages écrites par PENNAC. Le film m’a même donné envie de ressortir toute la saga pour m’y replonger.

Avec « Le Bonheur des ogres », j’ai ressenti à nouveau le plaisir que j’ai eu il y a quelques années, j’ai eu 16 ans à nouveau…