Publié le 16/11/2011
Voilà quelques jours que j’ai écrit mes premiers mots dans ce journal. Ça fait combien de repas quelques jours ? J’arrive à peine à me souvenir ce que j’ai mangé il y a 3 ou 4 jours. Oubli réel ou démarche de mon inconscient pour me voiler la vérité ? Ce que je sais, c’est que ça été assez équilibré, mais toujours dans des portions pantagruéliques.
J’ai fait un examen il y a une grosse semaine. Un TOGD : une série de clichés radiologique de l’estomac en buvant un produit, au goût à mi-chemin entre l’anis et l’antibiotique. J’ai l’estomac si grand qu’il a fallu faire 2 clichés pour le voir dans sa globalité. Alors forcément, quand je mange, c’est beaucoup plus long pour sentir la sensation de satiété. Et si je tente, dans un accès de je ne sais quoi, de manger moins, il se met à crier famine ce con. Et quand mon estomac prend le contrôle, je n’arrive pas à lutter.
C’est pour ça que chez moi, vous ne verrez que rarement des sodas, des biscuits type goûter, des gourmandises. J’en mangerai bien de temps en temps, pas pour me goinfrer, juste pour se faire un petit plaisir. Mais vu les quantités qu’il me faut pour me rassasier, le paquet y passerai. Alors je me prive totalement, pour ne pas céder à la tentation de la boulimie. J’ai ainsi réussi à ne plus avoir de pulsions impossibles à réprimer. Je cède de temps en temps à une envie de fast-food pour ne pas trop tirer sur la corde psychique et ça va très bien.
Je l’ai dit, la bouffe est une drogue. Mettre les pieds dans un hypermarché pouvait être une épreuve insurmontable. Je me suis déjà senti au bord du malaise dans un rayon, alléché par tant de produits qui auraient pu me gaver et m’emmener à une satisfaction honteuse. Oui, je sais, vous allez me dire, c’est grave d’en arriver là. Mais quelqu’un qui n’a jamais connu de troubles alimentaires ne peut pas savoir à quel point c’est dur.
Qui a bu boira ! Ce proverbe démontre bien la difficulté à s’arrêter de boire quand on est alcoolique. Mon expérience personnelle me l’a cruellement prouvé. Pareil pour la cigarette. Je n’ai jamais réussi à totalement arrêter de fumer, dès que je bois un verre, en société, faut que j’en grille une. Je maîtrise ces deux addictions pour en faire un plaisir. Et j’admire ceux qui ont réussi à arrêter de boire ou de fumer. Mais arrêter de manger, on ne peut pas. Le corps a besoin de nourriture pour vivre. Alors imaginez la lutte intérieure quand votre seule envie est de remplir le vide de votre existence et que vous n’avez dans votre assiette que des crudités et un peu de viande grillée, dans des portions normales pour n’importe quel quidam mais minuscules pour votre estomac démultiplié.
Alors que faire quand on a un estomac qui crie famine lorsque l’on fait un repas en quantité raisonnable ? Un régime ne servirait à rien, j’ai pris 20 kilos la dernière fois que j’en ai fait un, tant ça été dur, même en étant suivi par une diététicienne. Non, ma situation m’impose une solution bien plus durable et bien plus efficace. Cela fait fort longtemps que je cherchais une solution forte. Les régimes, j’en ai déjà parlé, j’ai pensé à me faire enfermer dans une clinique pour une approche pluridisciplinaire : diététique, sportive et psychologique.
Elle est très importante cette approche psychologique. Sans elle, aucune action n’est possible. Je vous l’ai dit, je cherchais des solutions mais je n’en ai entrepris aucune : j’avais peur de moi-même, peur d’un autre échec qui ferait que je prendrais encore plus de poids. Peur de craquer après d’immenses efforts pour me remplir à nouveau, me goinfrer jusque la lie. Et peur d’affronter les regards qui me montreraient le gâchis que j’aurais encore une fois fait de ma vie.