Texte édité dans le recueil Dans la peau d’un autre (ouvrage collectif) édité par Racine et Icare – 2014

« La mémoire se gomme avec les larmes »

Guillaume NICLOUX

 

 

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Je me souviens que la musique a très souvent rythmé ma vie. Je ne suis pas le seul dans ce cas me direz-vous, mais je peux associer la plupart des moments qui ont compté à une chanson ou à un air précis. Mon premier baiser par exemple, lors d’une boum dans le garage des parents de Marie-Ange, en novembre 1991. J’avais 14 ans et pas mal de boutons sur la tronche, mais déjà un caractère enjoué qui faisait de moi le trublion de service. Notre hôtesse était dans la même classe que moi, ses parents avaient emménagé durant l’été, elle ne connaissait personne, mais s’était rapidement intégrée à notre bande de copains. Sa mère l’avait poussée à organiser cette fête pour l’aider à se faire d’autres amis. Une nappe en papier avait été posée sur le congélateur pour poser les sodas et jus de fruit. Un vieil ampli faisait crachoter un son déplorable sur une enceinte dont on ne retrouvait pas la jumelle, mais on s’en foutait, nous voulions juste nous amuser et danser, ensemble.

Malgré ma préférence pour November Rain, c’est quand ont retenti les premières notes de Don’t cry que, sur les conseils de Lou, j’ai pris mon courage à deux mains et que j’ai invité Marie-Ange à danser. Je pensais me prendre un râteau qui aurait occasionné des railleries au moins jusqu’à la fin de l’année. Je ne savais pas qu’elle avait parlé de moi à notre amie commune, lui demandant de faire l’entremetteuse. Pensant que j’étais au courant, elle s’était impatientée pendant le solo joué par Slash et avait pris les choses en main, me collant sa langue dans la bouche. Surprise. Agréable, mais surprise quand même. Et pendant qu’Axl Rose beuglait, je me demandais comment ça se faisait que je ne bavais pas, m’extasiant devant ce mystère physiologique. La folle passion avait cessé le lendemain même, alors que je lui avais fixé rendez-vous derrière la salle des fêtes et que j’avais essayé de lui toucher les nichons. Seule résonne la musique de la claque qui a laissé quelques minutes la trace de ses doigts sur ma joue.

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Je me souviens que j’ai toujours voulu être musicien, précisément bassiste dans un groupe de rock. La basse, c’est l’instrument pilier du groupe, apportant un rythme mélodique à un morceau, quand la batterie ne fait que rythmer, mis à part lorsque certains batteurs sont des génies. Le bassiste en fait, c’est tout moi : le mec discret, pas vraiment connu par rapport à la notoriété d’un chanteur, mais dès qu’il n’est plus là, on sent qu’il manque un truc super important. Ça me tient depuis longtemps, à vrai dire, dès la première fois que j’ai entendu Running free de Iron Maiden. J’ai d’ailleurs rencontré Steve Harris dans un parc d’attractions, à Alton Towers, près de Manchester. Nous étions tous les deux dans la même file d’attente pour une montagne russe. Je portais un tee-shirt à l’effigie de son groupe. De loin, il m’avait souri et fait un petit signe de la main. J’avais passé le reste de la journée sur un petit nuage.

J’ai bien essayé de me lancer, malgré une légère dyslexie entraînant un manque de coordination. Sans prétendre vouloir imiter mes idoles, John Deacon, Lemmy Kilmister, ou encore Peter Hook, je n’ai pu poursuivre l’expérience. J’en ai gardé d’amers regrets et un sentiment d’infériorité qui a conditionné bon nombre de mes comportements futurs. Il en a découlé une timidité maladive, convaincu que si je ne savais pas aligner trois accords sur le manche d’un instrument, j’étais définitivement un bon à rien.

Je me suis donc réfugié dans un univers secret, celui de l’écriture, jetant sur papier les affres de ma vie, puis les retravaillant jusqu’à fabriquer des textes mélangeant autobiographie et fiction. Tellement secret que je n’avais jamais osé faire lire ces lignes à quiconque. Jusqu’au jour où, à l’occasion d’un déménagement, un ami s’est demandé ce que contenaient tous ces cahiers qui emplissaient un carton. À contrecœur, j’acceptais de le laisser les compulser. Lorsqu’il me les avait rendus, les derniers textes comportaient des annotations, celles d’un de ses anciens camarades de lycée, Jeorge, travaillant dans le monde de l’édition. Avec son numéro de téléphone. C’est ainsi que je suis devenu auteur.

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Je me souviens de l’émulation des premiers temps. Le travail sur les anciens textes pour les parfaire, la publication sur un blog ouvert par Jeorge, pour voir les réactions des lecteurs. J’étais justement étonné d’avoir un public, qui plus est à chaque fois grandissant. Puis est venu le moment où j’ai répondu à des appels à textes, pour pallier ma peur du manque d’inspiration, pour renouveler les thèmes, les univers. La publication dans des recueils collectifs m’émouvait à chaque fois, y voyant la reconnaissance de la qualité de mes nouvelles. Et cet électrochoc : la publication de mon propre recueil. Le tirage n’était pas très élevé, mais les lecteurs étaient au rendez-vous.

Je parcourais les salons et les rencontres littéraires. Tout ça m’a aidé à sortir de ma coquille. Je n’étais plus le nul que je croyais être. Je m’ouvrais sur le monde, j’allais vers les autres. On me demandait mon avis, on croyait en moi. Ma vie devenait excitante. À ces moments-là, j’avais l’impression de ne plus être moi même. J’avais la sensation de me glisser dans la peau d’un autre. Je me sublimais en un écrivain, non pas célèbre parce qu’il sort son livre annuel, ni même maudit au talent controversé. Je me voyais juste reconnu et apprécié. Un changement s’est alors produit : je n’écrivais plus parce que je me sentais meurtri ou à cause de peines de cœur, j’écrivais parce que j’aimais ça.

C’est comme ça que je t’ai rencontrée. J’avais été invité par une des maisons d’édition avec laquelle je collaborais au salon du fantastique de Paris. Je devais y être pour une séance de dédicaces, ayant écrit une nouvelle sur les zombies pour un de leurs recueils. Comme à mon habitude, je me prêtais à l’exercice avec une grande joie. Arrivés en avance, nous parcourions Jeorge et moi-même les allées du salon, errant entre les stands des maisons d’édition, des vendeurs d’hydromel ou encore de tenues médiévales. C’est là que mon agent et ami m’a donné un coup de coude, te désignant, rousse flamboyante, visiblement adepte du phénomène cosplay. Mais à la différence des costumes communément portés, composés de longues robes, tu étais vêtue d’une jupette noire, si courte qu’elle laissait deviner de galbe de tes fesses. « Autant dans une boite échangiste, je vois l’intérêt d’une telle tenue, autant ici… » Rêveur devant ton si bel arrière-train je lui rétorquai « Ben voyons, c’est pourtant simple : elle a un cul fantastique ! »

Je ne sais comment, tu as entendu mon commentaire et tu t’es retournée vers moi. Immédiatement, un sentiment de honte mêlé à ma timidité est remonté en moi, provoquant un rougissement totalement incontrôlable. Tu m’as alors gratifié d’un sourire et d’un « Merci ! » qui sont restés gravés dans ma mémoire. Puis tu t’es retournée et tu as repris ton chemin. J’ai eu l’impression que tu accentuais le balancement de tes hanches. Hilare devant mon air penaud Jeorge m’a rappelé mes obligations et m’a entraîné au stand pour la séance de dédicaces.

Le recueil rencontrait un franc succès et j’ai été sollicité bien plus que je ne le pensais pour apposer un mot à la page de mon texte. On imagine peu ce qu’il est dur d’être original, d’avoir un mot gentil pour des inconnus. J’essayais de varier les formules, sans grande inspiration. Quelle ne fut pas ma surprise de te voir apparaître, un livre à la main ! J’ai senti le rouge m’envahir le visage à nouveau. Et à nouveau, tu m’as souri, me tendant ton exemplaire ouvert. J’ai alors pu lire ces quelques mots, griffonnés au crayon de bois : « Donne-moi ton numéro de téléphone, le rouge te va si bien… » Je m’exécutai, te demandant ton prénom. « Je m’appelle Lizzy. Lizzy Watson ! » Puis tu avais repris le bouquin, fait un demi-tour majestueux et avais fendu la foule. Je ne rêvais pas, tu exagérais vraiment l’ondulation de tes hanches.

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Je me souviens que tu m’as rappelé quelques jours après. Franchement, je n’y croyais pas. Tu m’as proposé que je t’invite à boire une bière dans un pub irlandais où tu avais tes habitudes. J’ai bien entendu accepté. Je ne savais pas trop quoi penser de ce rencard. Et vu que tu es arrivée avec une heure de retard, j’ai bien eu le temps d’y réfléchir.

Un malade s’est jeté sous le métro, je suis restée bloquée, je suis vraiment désolée !

Pas grave, tu es là maintenant, mais, pour ta punition, c’est finalement toi qui payes les bières.

Le hic, c’est que je ne peux pas rester, je dois aller au théâtre avec une amie, mais je voulais absolument passer voir ta jolie pt’ite gueule.

Encore une fois, tout comme à chaque fois qu’une femme qui me plaît me fait un compliment, j’ai rougi. Oui, même si j’ai été incapable de te le dire ce soir-là, tu me plaisais déjà beaucoup. J’ai déjà parlé de Marie-Ange, elle est loin d’être la seule à avoir dû faire le premier pas. Moi, je n’y arrive pas. Jamais. J’essaye pourtant, mais sans succès. Les mots restent bloqués au fond de ma gorge, pour ne pas dire au fond de mon âme. Heureusement pour ma vie sentimentale et sexuelle, certaines sont passées outre cette bizarrerie. Mon existence a donc pu être émaillée de relations intermittentes, certaines plus sérieuses que d’autres, avec parfois un petit quelque chose un peu plus fort que de l’affection, mais jamais l’histoire d’amour, celle avec le grand A.

Je me souviens de ton mouvement pour te pencher vers moi et me susurrer à l’oreille « J’adore quand tu rougis pour moi, ça me fait craquer ». Je me souviens également de ce baiser que tu as tendrement déposé sur ma joue, de la douceur de tes lèvres juste à la naissance de ma barbe de trois jours, et de ton parfum qui m’enivrait. Puis tu t’es fièrement dressée devant moi, tu as emprisonné ta crinière rousse dans un large bonnet en laine fait main et tu m’as proposé que l’on se retrouve le dimanche suivant pour se faire un cinéma. J’ai senti mon cœur prêt à sortir de ma poitrine, dangereusement attiré vers toi. Et encore une fois, tu es partie. Et ce n’est plus seulement tes fesses que je regardais s’éloigner.

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Je me souviens de la rue du Cour Saint-Émilion au cœur de Bercy Village. Je fends la foule sous les toiles blanches tendues au-dessus de nos têtes, donnant un éclairage particulier au jour tombant de cette fin d’après-midi. Malgré l’automne qui s’avance et le froid qui s’installe sur la ville, les feuillages sont encore verts, tirant sur le jaune. Les terrasses sont remplies d’inconnus qui sirotent des boissons chaudes sous les chauffages suspendus, emmitouflés dans leurs manteaux. Comme toujours, mon casque est vissé sur mes oreilles. Je ne me déplace quasiment qu’en transports en commun et la musique m’accompagne à chaque fois. Incessamment durant mes déplacements, je bats la mesure en tapotant sur ma jambe, comme si j’avais une basse invisible.

Je me souviens qu’une fois, embrumé par les vapeurs de mojito après une soirée entre amis, je me suis laissé emporter sur la terrible ligne de Cannonball, des Breeders. C’est le groupe de la bassiste des Pixies, Kim DEAL. Alors qu’elle figure dans mon top 5, ce n’est pourtant pas elle qui assure la prestation, mais une comparse dont j’ai oublié le nom. Pourtant, dès l’intro du morceau, en plein métro, presque vide vu l’heure tardive, je me prends pour la musicienne et me mets à tapoter. Doucement, à la mesure de l’arrivée des différents instruments dans la chanson. Emportée par mon ivresse, ma tête se met à dodeliner, puis à hocher pour furieusement se balancer dans tous les sens. Mon corps entier se met à mimer les attitudes d’un musicien qui donne son meilleur concert : je ne suis plus dans la rame, mais sur une scène, les fans m’acclament alors que les voyageurs me regardent, inquiets. Je ne suis plus moi-même l’espace d’un instant, mais le bassiste que j’ai toujours rêvé d’être. Le train a ralenti puis s’est arrêté, en même temps que la chanson se terminait et que je m’immobilisais. Les portes se sont ouvertes devant moi et je suis descendu le plus naturellement du monde de la rame.

Je me souviens qu’en arrivant à Bercy Village pour notre second rendez- vous, c’est The Divine Comedy qui est mis à l’honneur par ma playlist. La voix suave de Neil HANNON va directement de mes oreilles aux tréfonds de mon âme, dans sa Pursuit of happiness.

Hey, I’m not the type

To say one thing and do another

And if it’s all right I’d kind

Of like to be your lover

Cause when you’re with me I can’t help but be

So desperately

Uncontrollably happy!

Je me souviens que je suis incontestablement heureux alors que je t’aperçois. Tu attends devant l’escalier qui descend vers le multiplex. Je m’arrête quelques instants pour te contempler, comme le visiteur d’un musée se délecterait d’une œuvre d’art. Je me remets en route un court instant avant que tu ne me voies. De suite, ton visage s’illumine. La distance s’amenuise et je me retrouve à moins d’un mètre de toi. Face à toi, si près de toi. Nos regards se plantent l’un dans l’autre. Nous n’avons pas encore dit un mot. Pas même un bonjour. Je me rapproche encore, subrepticement, je veux profiter de cet instant. Je sais qu’il y a plus que de la simple attirance. Je sais que je viens de tomber amoureux de toi. Je fais un dernier pas, celui qui me permet de te prendre dans mes bras et de venir poser mes lèvres sur les tiennes.

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Je me souviens de ces bribes de vie, de tous les instants que nous avons pu partager ensemble durant les mois qui ont suivi. Je me souviens du bonheur quasi permanent qui s’est installé dans mon existence, et de ses répercussions sur mon travail. Plus nous vivions de choses ensemble, plus mon imagination devenait fertile. Plus je passais de temps à tes côtés, plus le temps passé derrière mon ordinateur à tapoter régulièrement devenait productif. Tel François Merlin, j’avais trouvé mon Bob Saint-Clar, me glissant dans la peau de ce double romantique, m’inventant sans cesse sur mon écran de nouvelles aventures. Tu m’inspirais. Tu me relisais. Tu m’aidais à me perfectionner. Jeorge en était enchanté. Et à force de travail, mon premier roman a été édité. Le succès a été immédiat. Le grand coup de cœur de la rentrée littéraire. Tous les critiques en parlaient. On a commencé à m’inviter à la radio, dans des rencontres où je n’étais plus un auteur parmi tant d’autres, mais un écrivain reconnu pour son talent. J’étais devenu cet autre que j’imaginais à mes débuts.

Je me souviens si bien de cet après-midi. J’avais pris le métro jusqu’à la Porte de la Chapelle pour me rendre aux studios de La Plaine Saint-Denis. J’étais invité à causer chez Ardisson. A l’idée de passer chez l’homme en noir pour ma première télé, je me sentais, comment dirais-je, à la fois excité et angoissé. Encore et toujours, je me réfugiais dans la musique, pour rester un tant soit peu concentré, pour ne pas totalement me décomposer. La lecture aléatoire avait décidé de passer une extravagance, la reprise du Loup, La Biche Et Le Chevalier par Katerine. Le hasard fait bien les choses, car je fredonnais cet air quand j’ai reçu ton message.

O le joli conte que voilà,

La biche, en femme, se changea,

La, la, la, la

Et dans les bras du beau chevalier,

Belle princesse elle est restée,

eh, eh, eh, eh

Ce MMS a été mon premier choc. Tu m’envoyais une photo en gris et blanc, avec des formes peu visibles sur mon petit écran. Ton commentaire était bien plus explicite. « On ne voit pas encore bien, mais je trouve que cet enfant te ressemble ! Je t’aime ! »

La jolie princesse

Avait tes jolis cheveux,

La même caresse

Se lit au fond de tes yeux.

Cette chanson douce

Je veux la chanter aussi,

Pour toi, ô ma douce,

Jusqu’à la fin de ma vie,

Jusqu’à la fin de ma vie.

Je me souviens que je me suis arrêté net, submergé par l’émotion. Tout ça me paraissait si irréel. Malgré tous les bonheurs que la vie m’offrait, j’avais sous mes yeux celui que j’attendais depuis si longtemps. Tu allais faire de moi un père.

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Bip

Bip

Je me souviens du second choc, instantanément après le premier. Ébranlé par tant d’émoi, je ne me suis pas rendu compte que je m’étais arrêté en plein milieu de la route, méprisant la circulation et toute signalisation.

Bip

Bip

Bip

Je me souviens avoir entendu le klaxon du bus arrivant à pleine vitesse.

Bip

Bip

Bip

Je me souviens que lorsque j’ai réalisé qu’il ne pourrait pas s’arrêter je n’ai pas pu bouger, paralysé par la peur.

Bip

Bip

Bip

Je me souviens que lorsque j’ai été percuté de plein fouet, j’ai fermé les yeux. Comme au ralenti, j’ai senti mon corps se disloquer puis s’envoler, tel un fétu de paille en pleine tempête. Je me souviens de ce vol plané qui a semblé durer des heures, comme si le temps s’était suspendu. J’ai alors su que ma vie allait s’arrêter. Je me souviens m’être fait la réflexion, alors que je me savais brisé, de ne ressentir aucune douleur.

Je n’ai de toute façon plus aucune sensation depuis que je me suis « réveillé » sur ce lit d’hôpital. Car le trou noir a commencé lorsque mon crâne a heurté le sol et que je me suis enfoncé au plus profond de moi. Je réside dans un corps qui ne m’appartient plus.

Mes paupières sont fermées par des sparadraps. Un tube entre dans la gorge pour insuffler régulièrement de l’air dans mes poumons. La seule musique qui rythme ma vie, c’est ce bip, permanent, lancinant. Seules les machines me maintiennent en vie. J’entends ce que les médecins te disent depuis plusieurs semaines. Je suis condamné, mais ils n’arrivent pas à te convaincre de me débrancher. Pourtant, si je le pouvais, je te supplierais de mettre fin à ce calvaire.

Les journées s’étirent. Parfois, je sens le sommeil me gagner et j’espère ne plus me réveiller, en vain. Je ne suis plus rien, plus qu’un tas de chair, qui n’éprouve plus ni douleur, ni faim, ni soif. Pas vraiment mort, plus vraiment vivant. Plus jamais je ne pourrais te serrer dans mes bras, plus jamais je ne pourrais t’embrasser. Et je ne pourrais jamais rien réaliser avec mon enfant, que tu portes en toi. L’emmener à l’école, lui apprendre à jouer au rugby ou lui raconter des histoires. Rien Je ne suis plus que l’ombre de moi même, un fantôme parmi ses souvenirs.

Bloqué dans ce corps, je suis condamné à ne plus vivre que dans mes souvenirs. Bloqué dans ce corps, je suis condamné à vivre dans la peau d’un autre que je ne serai jamais plus…

 

Photo glanée sur le blog http://aveclecoeur.unblog.fr/page/6/