Photo © Texte publié pour l’atelier d’écriture du site Bric à Book du 8 janvier 2018.

Ce fut une année faste pour Pierre. Comme il ne fait rien comme les autres, il a commencé par mourir ; c’était un soir de Saint Sylvestre, cadre idéal pour une apocalypse. Hospitalisé et délirant, il aura ouvert Une fenêtre sur le monde pour s’évader de son lit. Il sera hanté par la paternité dans un bar du fin fond de la Picardie qu’il aurait quitté 25 ans plus tôt. Il aura pris la fuite, direction Kokkola, pour s’éviter des ennuis. Démiurge, il s’extasiera devant sa création, apprendra de ses erreurs et prendra Un nouveau départ. Il voyagera à New York, pour Entrer dans la lumière et fera la révolution dans un pays de l’ex URRS, ce qui fut pour cette année écoulée La dernière image.

Que d’aventures ! Sans compter toutes celles qu’il n’aura pas vécues, celles restées au stade d’un brouillon inachevé, placées dans le dossier Projets d’un ordinateur portable bariolé d’autocollants à l’effigie d’un syndicat ouvrier. Car Pierre n’est qu’un personnage, une forme de vie dans un espace virtuel qui ne s’agite que lorsque son auteur se décide, enfin, à laisser ses doigts tapoter sur le clavier et déposer de noirs mots sur un écran. Il n’est qu’une âme protéiforme dont les états se modifient au gré de clichés. Mais ne vous méprenez pas, il est loin d’être un stéréotype : il s’anime lors d’ateliers d’écriture basés sur des photos publiées sur un site internet.

L’auteur observe justement la publication du moment. Il s’agit vraisemblablement de militaires opérant un saut en parachute. La toute première idée est de faire de Pierre un militaire, de tenter de décrire les sensations du saut ; lui-même voudrait pratiquer cette activité. Mais non. Réfléchir, encore. Pierre serait un homme devant faire face à un choix cornélien, donc aucune solution n’est vraiment viable, mais qu’il n’y ait pas d’alternative, il faut y aller, comme un saut dans le vide. Mais non. Le grand saut en analogie à la mort ? Non. Le premier saut apparenté à un premier baiser ? Non. Les idées se bousculent, mais rien ne vient vraiment. La page reste désespérément blanche, vide. Il faudra pourtant bien sauter le pas à un moment donné…

 

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