Textes écrits dans le cadre de l’atelier d’écriture proposé par Iris L. Alb, 7 jours pour (re)prendre confiance en toi. La mission, chaque jour : « écrire sur ce que tu aimes ». Cet atelier comporte d’autres exercices, je vous invite à le consulter le site http://www.irislalb.com/.

Il y a peu de domaines dans lesquels je peux me dire que je suis doué, c’est peut-être le seul dont je pourrais dire que je suis fier, si j’aimais me vanter.
De mémoire, c’est l’activité que je pratique depuis le plus longtemps dans ma vie (oui, je faisais du secourisme avant même ce dont je parlerai au jour 6, teasing 😉). Elle m’a apporté tant d’émotions différentes, positives ou négatives. Lorsque j’ai été contraint d’abandonner l’activité sur le terrain, j’ai pu en faire mon métier et la pratiquer par téléphone interposé, pour y revenir ensuite, en tant que bénévole. Et je me souviens encore de ma première décharge d’adrénaline, nous venions de recevoir une alerte et ça y était, c’était moi qui se trouvais dans le camion rouge filant à toute allure sur les lieux d’un accident de la route, un carnage, soit dit en passant, qui, si ça se trouve, est la source d’un traumatisme endormi en moi.
Cette putain de décharge d’adrénaline. Elle m’a d’abord paralysé, la peur de mal faire les gestes que j’avais appris, la peur d’être tétanisé et de faire faux bond à mes équipiers, la peur d’aggraver la situation. Puis le pic d’hormones m’a permis de dépasser cette peur, de réaliser des choses dont je ne me serais jamais senti capable. On devient vite accro à cette décharge ; certain.e.s la recherchent en sautant d’un pont avec un élastique aux pieds ou d’un avion qui fonctionne pourtant très bien, moi c’est en partant à toute trombe au chevet de personnes en détresse que je la trouve.
J’ai pansé des plaies, physiques et morales. J’ai fait des marionnettes avec un gant en latex pour distraire des enfants. J’ai relevé des personnes impotentes tombées au milieu de la nuit. J’ai retenu mon souffle pour éviter des haleines trop fortement avinées. J’ai tenu la main de personnes qui venaient de perdre un être cher. J’ai massé des poitrines espérant que le cœur reparte, avec beaucoup plus d’échecs que de joies. J’ai rigolé de situations abracadabrantesques avec les personnes qui venaient de les vivre. J’ai parlé au téléphone de longues minutes avec une personne qui menaçait de se jeter par la fenêtre, le temps que des collègues prennent le relais sur le terrain. J’ai tenu dans mes bras un nourrisson qui venait juste de naître et qui avait été abandonné dans un buisson, et j’ai pu le voir tout rosé dans une couveuse quelques jours plus tard.
Aujourd’hui, j’ai conscience que je n’ai plus forcément le bon niveau pour pratiquer correctement, que je dois reprendre une formation plus continue et plus régulière pour répéter et répéter encore les gestes, qu’ils soient un réflexe. Aujourd’hui, je n’ai plus suffisamment confiance en moi pour que les autres puissent me faire confiance et me confier leur vie. Je le sais. C’est aussi pour ça que je pratique moins. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot. Je vais remettre le pied à l’étrier, je vais m’entraîner. Et d’ici peu, à nouveau, je vais sentir cette décharge d’adrénaline, celle qui me paralysera puis me permettra de me dépasser.
Il y a un petit côté Chirac dans ton texte….
Tous les secouristes ont ils ce recul sur leurs aptitudes, c est grâce à ta capacité à douter qu on peut te faire confiance.
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Chirac ?
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