Atelier d’écriture du lundi 12 septembre 2022
Rappel des « règles » de l’atelier
Le texte lu :
Le lion, Joseph KESSEL (GALLIMARD 1972)
« King lécha le visage de Patricia et me tendit son mufle que je grattai entre les yeux. Le plus étroit, le plus effilé me sembla, plus que jamais, cligner amicalement. Puis le lion s’étendit sur un flanc et souleva une de ses pattes de devant afin que la petite fille prît contre lui sa place accoutumée. »
L’histoire d’un amour fou entre une petite fille et un lion.
Thèmes proposés :
- Le lion est une peluche pour enfant, quel est l’impact dans sa vie ou celle de son entourage,
- un mariage où est invité un lion,
- visionnage de Naarnia (film que je n’ai pas aimé) avec des enfant qui ont adoré, puis une sortie au zoo ensuite,
- la puissance symbolique du lion
- l’histoire d’une personne qui pense ne pas avoir besoin du pouvoir du lion, et une tierce personne tente de le convaincre.
Mon manuscrit produit lors de l’atelier :



Mon texte :
God save the (Lion) King
Comme tous les jours, un rayon de soleil vient se poser sur moi. J’aime la sensation de chaleur que cela me procure. C’est l’heure ; je bâille et j’ouvre les yeux paisiblement. Comme tous les jours, j’éveille mon corps endormi par quelques mouvements. D’abord la patte avant droite, que je pose loin devant mon museau, puis la gauche, toujours dans cet ordre-là. Je peux alors m’appuyer sur mes cuisses, et lever mon postérieur le plus haut possible. Ainsi, chaque fibre de mes muscles s’étire, lentement, longuement, me procurant une agréable sensation de bien-être. Je recoiffe ma majestueuse crinière d’un hochement de tête. Il ne faudrait pas que mes sujets me voient tout ébouriffé. Et comme tous les jours, je peux aller me rafraîchir près du point d’eau artificiel.
Mes nouveaux humains s’occupent bien de moi. Difficile de faire pire que cette minuscule cage qui m’enfermait, aussi bien physiquement que mentalement. Oh, je n’étais pas maltraité, car la nourriture était correcte et je n’ai jamais reçu un seul coup de fouet malgré le décorum. Mais cet espace confiné me bridait en tout point. Je me sentais tout le temps épuisé, je n’avais plus jamais envie de rien. Même les yeux émerveillés des enfants et apeurés des adultes ne me faisaient plus d’effet.
Vint alors ce matin un peu plus blême, quand j’ai décidé de ne pas me lever pour m’entraîner. Günther a pénétré dans ma cage. Je reconnaissais cet humain entre tous, car c’est lui qui m’a recueilli lorsque maman est morte. Son odeur, sa voix, tout m’était familier chez lui. C’est ce qui lui avait permis de m’apprendre tous les tours que je connais, au point que j’amène les alliances le jour de son mariage. Il s’est avancé, et d’un geste lent, il a posé sa main tout en douceur sur mon encolure, comme je l’ai tant de fois laissé faire. Mais au lieu de produire le ronronnement habituel, j’ai machinalement émis un grognement ; il est sorti de mon espace clos et j’ai dormi toute la journée. Le lendemain, même approche, avec le même résultat. Je n’étais plus ce lion flamboyant, celui qui faisait semblant d’obéir alors qu’il s’amusait. Toute ma joie était perdue.


Je me suis retrouvé, quelque temps après que l’on m’ait déménagé ici. Certes, je dors entre quatre murs, mais je passe mes journées dans une fosse si grande que je n’ai pas encore pu tester chaque recoin pour ma sieste. Je suis en colocation avec une femelle, mais je ne l’aime pas trop. Après tout, elle n’a même pas besoin de chasser ma nourriture. Mais ce n’est pas grave, ce qui compte, c’est que j’ai retrouvé mon envie de rugir.